Le dernier des derniers baisers.

On ne sait jamais. Le dernier baiser. On le pressentirait qu’on le ferait durer plus encore, qu’on tenterait d’en négocier un de plus, qui lui-même ne soit pas le dernier, qu’on essayerait au moins de l’emporter avec soi, dans l’après, pour la nuit. Mais dans l’ignorance, on quitte une tendre embrassade pour une absence qu’on apprend plus tard sans retour.

Il y a ce dernier baiser, à des lèvres chéries, qui le sort aidant, se verront remplacées par d’autres qui les feront oublier, peut-être. Et puis il y a le dernier des derniers baisers, qui n’avertit pas plus, encore moins sans doute, celui avant qu’on ait à tout quitter, juste tout-à-l’heure au premier tournant, ou bien plus tard, au terme d’une route silencieuse et trop longue.

Je suis de ceux optimistes, qui voient dans un baiser un remède à la solitude. Je veux dire celle originelle qui nous précède depuis le début, depuis qu’il y a plus qu’un, depuis que les étoiles s’éloignent. Je suis de ceux aussi qui croient qu’il a fallu payer ce prix invraisemblable de la fragmentation juste pour rendre le dialogue possible, juste pour permettre à deux êtres de se répondre par-dessus un abîme qui alors n’a plus rien d’infranchissable, et que ce dialogue-là est plus précieux que tout.

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