Rose

Je vous ai lue hier soir au retour de ce qui fut probablement mon plus lointain voyage. De ce qui devrait le rester. Ma valise n’était pas défaite. Ma vie l’était tout à fait. Il était près de minuit. Je revenais de bien plus que vingt et une heures de bateau, d’avions et de train. Une si longue route.

Je revenais d’un rivage que j’avais touché comme on touche le fond. De nuits plus noires que les plus sombres de mes heures, traversées pourtant d’étoiles filantes. J’avais trahi l’homme que j’avais voulu être. J’en avais payé le prix. J’étais quitte. Si vous saviez comme on peut être malheureux devant les nuances de bleu d’un des plus beaux paysages au monde !

Nous nous parlerons, c’est une certitude.

Merci pour l’amphibolie de votre démarche, elle m’a ramené plus près de la surface. Vous voulez vous faire lointaine et pourtant je me suis piqué les doigts sur tous les hameçons que soulignent vos mots. Je m’arrête là, mes pensées se brouillent. Pourtant, avant de sombrer dans le sommeil et l’oubli, je voulais vous dire que j’aimerais que nous puissions nous parler. Ce serait bien.

J’ai retrouvé vos lignes ce midi, englué de fatigue, avec sur les papilles comme un goût de cendre. Elles n’ont rien de banal ; jamais on ne m’a écrit ainsi. Et puis vous arrivez à cette heure précise, en me demandant si je crois aux hasards. Bien sûr que non : Il y a quelque chose qui résonne, quelque chose qui me dépasse. J’ignore quoi, mais j’en suis certain. Malgré les paupières qui me piquent, je l’entends bien.

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